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« Présidentielles et Santé » par Elie Arié
"L'essentiel, c'est la santé" " Tant qu'on a la santé", etc. :autant d'expressions populaires immémoriales qui, bien avant les sondages mettant
toujours la santé tantôt au 2ème rang, tantôt au 1er, des préoccupations des Français (souvent avant le chômage), nous permettent de savoir qu'il s'agit
d'un de leurs soucis majeurs.
En contraste, le silence assourdissant de tous les politiques de droite ou de gauche en matière de politique de santé,souvent confiée à un
sous-ministre, médecin et issu de la "société civile", comme s'il s'agissait d'un problème technique et non pas politique; comme s'il s'agissait d'un
"Ministère de la Médecine", et non d'un "Ministère de la Santé"; comme s'il ne s(agissait que d'un problème comptable d'ajustement des recettes aux dépenses, sans s'interroger sur le bien-fondé, l'utilité et la nature de leur financement.
La campagne Présidentielle actuelle ne fait pas exception à la règle: le sujet est soigneusement évité par tous les candidats, et, en particulier, le
programme-santé du PS est d'une pauvreté affligeante.
Ségolène Royal, qui prétend élaborer ses propositions en partant des "préoccupations concrètes des gens", continue, elle aussi, à contourner prudemment ce
"gros morceau"; pourquoi Jean-Pierre Chevènement ne serait-il pas le premier (et le seul) à aborder une des dernières dimensions restantes de la solidarité nationale et de la cohésion sociale aujourd'hui menacée de disparition?
Un bon exemple est celui la politique du médicament, alors que la hausse prévisible de leurs prix menace de faire exploser tous les systèmes de protection sociale, et qu'il s'agit, par ailleurs, du seul domaine où des économies substantielles sont réalisables, puisque c'est le seul où il existe des marges réelles, tant pour les prix que pour la consommation. Peur d'affronter les intérêts de l'industrie pharmaceutique ?
Chacun sait, pourtant, ce qu'il faudrait faire:
- Obligation (comme dans d'autres pays européens), pour les médecins, de prescrire les molécules en dénomination commune internationale, et non sous
leur nom commercial et, pour les pharmaciens, de les délivrer sous la forme commercialisée la moins chère;
- Mettre à la disposition des médecins des logiciels de bonne prescription, qui existent déjà (incompatibilités, contre-indications absolues et relatives, posologies selon l'âge et le poids, noms en DCI, génériques existants, etc.) et d'informations objectives sur les médicaments;
- Déremboursement des médicaments à efficacité non démontrée (près de la moitié de ceux qui sont actuellement remboursés);
- Interdire la prescription des médicaments en dehors des indications de leur autorisation de mise sur le marché, qui sont les seules dans lesquelles leur efficacité a été prouvée.
- Rendre l'information pharmacologique des médecins indépendante de l'industrie pharmaceutique, et en confier le monopole à l' Afssaps;
- Interdire les articles de publicité rédactionnelle dans les revues médicales ou pseudo-médicales;
- Rembourser les médicaments sur la base du prix de celui qui est le moins cher dans la même classe thérapeutique (certains génériques sont plus chers
que les produits princeps!), comme en Allemagne;
- Mettre fin à la procédure du "dépôt de prix", qui revient à accorder le droit aux laboratoires de fixer eux-mêmes le prix des nouveaux médicaments;
- Accorder aux hôpitaux le droit de faire jouer la concurrence sur les prix des différents laboratoires pour l'achat d'un médicament équivalent, y inclus pour les médicaments dits "innovants", droit qui existait jusqu'à ce que Jean-François Mattéi le supprime- en bon "libéral" hostile à tout mécanisme de libre concurrence.
- Mettre en place, comme aux Etats-Unis, des circuits de délivrance directe du médicament du grossiste au consommateur (80 % des prescriptions sont des
renouvellements d'ordonnances), ce qui fera considérablement baisser le prix de la distribution, qui intervient actuellement pour 30 % du prix du médicament.
Et ce ne sont que quelques pistes... <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />Elie Arié
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Commentaires
"Chacun sait, pourtant, ce qu'il faudrait faire" Pourquoi cela n'est-il pas fait? La gauche a été au pouvoir pourquoi ne l'a t-elle pas fait? Si elle revenait au pouvoir pourquoi le ferait-elle? Qu'elles sont les conditions pour que des idées connues s'appliquent? Faut-il un rapport de force différent au sein de la gauche? Sur http://www.sfmag.net/article.php3?id_article=4139 tu dis en parlant de la sécurité sociale <