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  • "Citoyens pour la refondation républicaine de la gauche"

    Nous vivons l’époque des pouvoirs faibles. La tête de l’Etat se délite dans une tragi-comédie de cour. La classe politique revendique plus que jamais son incapacité à gérer un monde devenu trop complexe et hors d’atteinte. On théorise le déclin de la France comme pour justifier l’absence de réponse politique aux chocs qu’elle subit. Sitôt qu’elle réagit comme le 29 mai 2005,  on lui explique qu’elle vient de creuser davantage l’ornière. Elle était faible, elle est en plus isolée. Alors, à force d’asséner l’impuissance, le blocage comme l’alpha et l’oméga du fonctionnement de ce pays, nos élites ont fini par s’en convaincre et peut-être en convaincre le peuple. Il suffit aux élites d’écouter le tic-tac de l’alternance politique, et de programmer leur carrière en fonction du passage de l’essuie glace qui ne manquera pas de passer dans le bon sens.

    Le peuple lui n’attend plus grand-chose. A peine peut-être quelques uns de nos concitoyens savourent-ils par avance la deuxième gifle qu’ils pourraient bien asséner aux élites avec le même effet de surprise que le 21 avril 2002. Pour les autres, le plus triste est sans doute de voir déçues, même les exigences les plus minimalistes. En fait, le nouvel âge d’or auquel semblent aspirer nombre de nos concitoyens est peut-être simplement le fait que ce pays arrête de marcher sur la tête.  Les prétendants au pouvoir semblent d’ailleurs ne devoir leur popularité  qu’à leur capacité à incarner une forme d’autorité et – au passage – une forme de pied de nez aux générations installées. Il y a peu d’exigence, ni même d’intérêt pour les programmes qu’ils pourraient défendre. De toute façon, ceux là sont faits pour être oubliés au lendemain de l’élection.

    Le problème avec ce « déclinisme », c’est qu’il fait partie des prophéties auto-réalisatrices. Il suffit de se convaincre de la fin programmée d’une partie de notre industrie pour cesser de la moderniser, de la défendre et  la voir finalement disparaître. En fait, c’est une autre réalité que l’on met à jour : dans une société de citoyens, renoncer à l’action publique, c’est en effet faire place nette à l’effritement de cette société. Il y a certes des difficultés mais ce n’est pas en se persuadant de la vanité des médicaments que l’on se soigne de la maladie

    Ce pays travaille, invente, intègre. Mais notre société politique, bâtie sur les principes républicains, suppose une action collective qui organise le développement, qui définit les droits et les devoirs, qui assure la solidarité. Que cette action se délite, qu’elle renonce à satisfaire à l’exigence des citoyens, alors c’est l’architecture républicaine qui est en danger.

    Plutôt que la rupture du système, avec son cortège de drames sociaux, avec sa brutalité, notre pays a besoin d’une autre rupture. Il a besoin de retrouver une organisation en phase avec ses valeurs. Il a besoin que le système respecte le travail, que la garantie des libertés individuelles s’accompagne du respect des règles, que la solidarité soit un outil pour la reconquête du statut social et l’épanouissement de chacun, que l’égalité permette la valorisation des projets et des talents.

    La gauche doit incarner cette rupture que nous appelons républicaine face au déclinisme ou à la soumission libérale à la loi du plus fort. Elle ne peut plus se contenter d’attendre le retour de l’essuie-glace. Pour cela, elle doit comprendre les crises dans leur matérialité et leur apporter des réponses très concrètes. En fait, elle doit d’abord comprendre la réalité pour apporter des solutions collectives et proposer un projet qui offre une alternative et pas seulement une alternance ou la reprise de ce qui a été fait par elle précédemment

    C’est cette démarche que nous voulons mettre en œuvre.

    Co-signataires : Guillaume VUILLETET, Patrick QUINQUETON, Jean-Luc PUJO, Nicole MORICHAUD, Jean-Luc LAURENT, Bruno FAURE, Béatrice DESMARTIN, Christophe BENAVIDES.

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