• DANS UNE LIBRE OPINION parue dans « le Monde » daté des 28 et 29 juillet, j'avais évoqué les difficultés administratives, juridiques et constitutionnelles auxquelles se heurte le projet des franchises médicales (depuis, s'y est ajoutée l'idée absurde de faire financer la recherche publique sur la maladie d'Alzheimer, qui concerne tous les Français, par les seules personnes ayant besoin de consulter un médecin pour toute autre chose : mais le mot « impôt » est devenu aujourd'hui un terme grossier) ; mais <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" /><st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Tribune">la Tribune</st1:PersonName> de MM. Claude Le Pen et Guy Vallancien (« Vive la franchise ! ») parue le 16 juin 2007 impose de revenir à l'essentiel, qui ne semble pas avoir effleuré la pensée de leurs auteurs : celle des effets médicaux et sanitaires d'une disposition purement comptable.
    Tout le monde sait, pourtant, que « prévenir vaut mieux que guérir » ; qu'on se porte mieux (et qu'on coûte moins cher à l'assurance-maladie) si on ne fait pas un infarctus qu'après avoir guéri d'un infarctus (à moins d'en mourir, source indiscutable d'économies) ; et que le principe même de la prévention consiste à voir régulièrement un médecin, même lorsqu'on se sent parfaitement bien, pour corriger avant qu'il ne soit trop tard les erreurs que l'on commet dans son alimentation et dans son mode de vie en général, tout comme les pédiatres voient des nourrissons en parfaite santé ; que tous les pays développés facilitent au maximum l'accès au médecin de premier recours (habituellement, le généraliste) en supprimant tout ticket modérateur et toute avance de frais ; et que les franchises médicales constitueront un frein majeur au développement de la prévention.
    Mais cette logique impose quelques mesures complémentaires : la suppression du paiement à l'acte du généraliste, incompatible avec le financement de la prévention ; la suppression du libre accès au spécialiste ; le paiement des généralistes en fonction non seulement du nombre de patients qui l'ont choisi, mais aussi en fonction d'indicateurs opposables (et non purement incitatifs) de qualité des soins, mais aussi de résultats (comme en Grande-Bretagne, ou dans le système public américain des Vétérans) ; le plafonnement du nombre d'actes annuel par généraliste, l'obligation, pour ce dernier, de suivre une formation médicale continue validée et indépendante de l'industrie pharmaceutique, et l'impossibilité de contourner le système en acceptant d'être moins bien remboursé : c'est faute de les avoir instituées que l'ancien système du médecin référent de l'assurance-maladie a été un échec.
    On est consterné de retrouver, sous la plume de MM. Le Pen et Vallancien, le cliché du « malade qui réclame des examens » : point n'est besoin d'avoir exercé, comme moi, la médecine pendant trente-deux ans pour connaître les efforts qu'il faut déployer pour convaincre un malade d'accepter une investigation complémentaire, un traitement à suivre régulièrement (50 % des hypertendus français ne le font pas), une hospitalisation, un arrêt de travail («à mon âge et avec la situation de mon entreprise, je préfère prendre le risque de mourir que de perdre mon emploi»).
    Les franchises médicales, uniformes pour tous, et appelées à augmenter en fonction du déficit de l'assurance-maladie, font des soins des plus pauvres (ou, si Martin Hirsch arrive à les en faire dispenser, des « moins pauvres des plus pauvres », comme aux Etats-Unis) la seule variable d'ajustement des comptes : on laissera les médecins prescrire ce qu'ils veulent, on laissera l'industrie pharmaceutique contrôler leur formation médicale continue et développer un marketing d'enfer pour pousser aux prescriptions inutiles : responsabiliser les responsables est électoralement plus risqué que de s'attaquer à des individus isolés et à faibles revenus ; mais, de grâce, qu'on cesse alors d'évoquer la « santé publique », totalement oubliée dans ce choix exclusivement politique et qui est un véritable choix de classe sociale, car il ne
    concernera pas ceux qui ont les moyens financiers de ne rien changer à leurs habitudes de consommation médicale: désormais, la médecine préventive sera réservée aux plus riches.

     


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  •  

    Lors de l'instauration de la franchise de 1 euro en 2004, le Conseil constitutionnel avait estimé qu'une somme aussi faible ne portait pas atteinte au droit à l'égalité des soins mais avait émis les plus expresses réserves au cas où cette somme viendrait à être augmentée : ce qui est bien le cas avec ce nouveau projet de franchises.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Chacun peut vérifier sur le site du Conseil constitutionnel la teneur de la décision n° 2004-504 DC du 12 août 2004, liée à la réforme Douste-Blazy instituant la franchise de 1 euro, dans laquelle on peut lire : "Considérant, en troisième lieu, que le montant de la majoration de la participation de l'assuré devra être fixé à un niveau tel que ne soient pas remises en cause les exigences du onzième alinéa du préambule de <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" /><st1:PersonName ProductID="la Constitution" w:st="on">la Constitution</st1:PersonName> de 1946." A savoir : "La nation garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs."

    http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-937987,0.html

     


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  • <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p> Ce que les candidats à la présidentielle devraient prendre en compte.

    Après l'invocation des mânes de Jaurès et de Blum, en attendant, si cela ne suffisait pas, celles de Trotski et de Kim-Il-Sung, la dernière mode, à l'UMP, consiste à minimiser les différences entre son programme et celui de Ségolène Royal, sans aller toutefois jusqu'à en tirer la conséquence logique, qui consisterait à appeler à voter pour elle. Voyons ce qu'il en est dans un domaine qui intéresse au premier chef les Français, celui de la santé, insuffisamment évoqué dans cette campagne pour 80 % d'entre eux («le Monde» du 26.1.07): elle fait l'objet de 11 des 100 propositions de Ségolène Royal , et d'un mutisme total de Xavier Bertrand, porte-parole (si l'on peut dire) de Nicolas Sarkozy, sans doute parce qu'il est ministre de <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" /><st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Santé.">la Santé.</st1:PersonName>

    Lire la suite :

    http://www.liberation.fr/rebonds/election_presidentielle/236782.FR.php

    [Merci à Nicole]


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  • "L'essentiel, c'est la santé" " Tant qu'on a la santé", etc. :autant d'expressions populaires immémoriales qui, bien avant les sondages mettant
    toujours la santé tantôt au 2ème rang, tantôt au 1er, des préoccupations des Français (souvent avant le chômage), nous permettent de savoir qu'il s'agit
    d'un de leurs soucis majeurs.

    En contraste, le silence assourdissant de tous les politiques de droite ou de gauche en matière de politique de santé,souvent confiée à un
    sous-ministre, médecin et issu de la "société civile", comme s'il s'agissait d'un problème technique et non pas politique; comme s'il s'agissait d'un
    "Ministère de la Médecine", et non d'un "Ministère de la Santé"; comme s'il ne s(agissait que d'un problème comptable d'ajustement des recettes aux dépenses, sans s'interroger sur le bien-fondé, l'utilité et la nature de leur financement.

    La campagne Présidentielle actuelle ne fait pas exception à la règle: le sujet est soigneusement évité par tous les candidats, et, en particulier, le
    programme-santé du PS est d'une pauvreté affligeante.

    Ségolène Royal, qui prétend élaborer ses propositions en partant des "préoccupations concrètes des gens", continue, elle aussi, à contourner prudemment ce
    "gros morceau"; pourquoi Jean-Pierre Chevènement  ne serait-il pas le premier (et le seul) à aborder une des dernières dimensions restantes de la solidarité nationale et de la cohésion sociale aujourd'hui menacée de disparition?

    Un bon exemple est celui la politique du médicament, alors que la hausse prévisible de leurs prix menace de faire exploser tous les systèmes de protection sociale, et qu'il s'agit, par ailleurs, du seul domaine où des économies substantielles sont réalisables, puisque c'est le seul où il existe des marges réelles, tant pour les prix que pour la consommation. Peur d'affronter les intérêts de l'industrie pharmaceutique ?

    Chacun sait, pourtant, ce qu'il faudrait faire:

    - Obligation (comme dans d'autres pays européens), pour les médecins, de prescrire les molécules en dénomination commune internationale, et non sous
    leur nom commercial et, pour les pharmaciens, de les délivrer sous la forme commercialisée la moins chère;
    - Mettre à la disposition des médecins des logiciels de bonne prescription, qui existent déjà (incompatibilités, contre-indications absolues et relatives, posologies selon l'âge et le poids, noms en DCI, génériques existants, etc.) et d'informations objectives sur les médicaments;
    - Déremboursement des médicaments à efficacité non démontrée (près de la moitié de ceux qui sont actuellement remboursés);
    - Interdire la prescription des médicaments en dehors des indications de leur autorisation de mise sur le marché, qui sont les seules dans lesquelles leur efficacité a été prouvée.

    - Rendre l'information pharmacologique des médecins indépendante de l'industrie pharmaceutique, et en confier le monopole à l' Afssaps;
    - Interdire les articles de publicité rédactionnelle dans les revues médicales ou pseudo-médicales;
    - Rembourser les médicaments sur la base du prix de celui qui est le moins cher dans la même classe thérapeutique (certains génériques sont plus chers
    que les produits princeps!), comme en Allemagne;
    - Mettre fin à la procédure du "dépôt de prix", qui revient à accorder le droit aux laboratoires de fixer eux-mêmes le prix des nouveaux médicaments;
    - Accorder aux hôpitaux le droit de faire jouer la concurrence sur les prix des différents laboratoires pour l'achat d'un médicament équivalent, y inclus pour les médicaments dits "innovants", droit qui existait jusqu'à ce que Jean-François Mattéi le supprime- en bon "libéral" hostile à tout mécanisme de libre concurrence.
    - Mettre en place, comme aux Etats-Unis, des circuits de délivrance directe du médicament du grossiste au consommateur (80 % des prescriptions sont des
    renouvellements d'ordonnances), ce qui fera considérablement baisser le prix de la distribution, qui intervient actuellement pour 30 % du prix du médicament.
    Et ce ne sont que quelques pistes... <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />
     

    Elie Arié


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  • L'ENSEMBLE des organisations représentatives de la psychiatrie, associées aux représentants des familles et des patients, a solennellement appelé, mercredi 4 octobre, au retrait des dispositions réformant l'hospitalisation sous contrainte incluses dans le projet de loi de prévention de la délinquance. Les organisations protestataires, qui demandent une audience au président de la République, dénoncent « l'amalgame inacceptable » que ferait le projet de loi entre « maladie mentale et délinquance ». Adopté en première lecture, le 21 septembre, par le Sénat, le texte, élaboré par le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, comporte plusieurs dispositions réformant la loi de 1990 sur l'internement psychiatrique. <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Lire la suite : http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=961219


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